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dimanche 19 février 2012

Une histoire comique- Les cochons américains

Une histoire comique

par Ed. CHARPENTIER
16 octobre 1935
Les cochons américains
En 1933, les prix du porc étant tombés très bas, il fut décidé aux Etats-Unis la destruction de 6 millions 188 717 jeunes cochons, dont la viande fut distribuée en secours aux chômeurs.
En 1934, continuant la même politique, on distribuait 250 millions de dollars aux agriculteurs qui consentaient à réduire de 25% leur production de cochons et de 15% celle de blé ; le financement de l’opération était assuré par une taxe que payait le consommateur, de 2 cents 25 sur la livre de porc et de 5 cents sur le boisseau de blé.
Mais la sécheresse en 1934, le mauvais temps en 1935 ont réduit les récoltes et les troupeaux. Le résultat est qu’en août 1935, la viande de porc est revenue aux prix de 1929, c’est-à-dire, dans les circonstances actuelles, à un prix prohibitif pour les bourses moyennes.
Alors on vient de décider qu’on ne paierait plus les agriculteurs que pour une réduction de 5% des surfaces ensemencées en blé et qu’on les paierait aussi pour les cochons, à condition qu’ils en produisent le plus possible avec le blé qu’ils récolteraient.`Comme les taxes subsistent, les consommateurs américains paieront donc en 1935 et en 1936, 300 millions de dollars sur le blé et les cochons, pour réduire une production qu’on supplie maintenant les agriculteurs d’augmenter.
Et les United States News du 19 août 1935, qui nous racontent cette savoureuse histoire, ajoutent que les âmes des 6 188 717 petits cochons sacrifiés empêchent le « Brain Trust » de dormir.
Ed. CHARPENTIER

Source :  La Grande Relève   N° 1 - 16 au 31 octobre 1935 

samedi 18 février 2012

C'est ça le progrès?


Continuons à promouvoir l'esprit de compétition dans nos sociétés au détriment de la coopération et de la solidarité et nous contribuerons à la progression des ces bien tristes taux.

Nombre de décès liés aux conflits armés :
16 ° siècle 1,6 millions soit 0,32 % de la population mondiale
17° siècle 6,1 millions soit 1,05 % de la population mondiale
18° siècle 7,0 millions soit 0,92 % de la population mondiale
19° siècle 19,4 millions soit 1,65 % de la population mondiale
20° siècle 109,7 millions soit 4,35 % de la population mondiale

Source : statistiques mondiales  janvier 2012

vendredi 17 février 2012

La croissance, jusqu'où ?

Belgique - Emprunte écologique/biocapacité
Et si le tassement du taux de croissance du PIB était une bonne nouvelle?  Annoncerait-il une prise de conscience bien nécessaire?
En effet, un taux de croissance de 3% entraîne un doublement en 24 ans de la production mondiale, un taux de croissance de 5% un doublement en 15 ans. Combien de temps ces taux seront-ils compatibles avec les ressources de la Terre ?
De plus ce taux ne mesure que la croissance du revenu humain et non la valeur du patrimoine de l'humanité. Si cette croissance s'obtient en puisant dans l'actif de l'humanité, celui-ci se dévalorise et le bilan comptable réel devient négatif. Ce pourrait être le cas depuis les années 1970-1980.
Sans attendre, sourions aux passantes et aux passants, nous sommes toujours vivant-e-s.

samedi 4 février 2012

Convertir une cantine à l’alimentation biologique

- RÉDUIRE LA DISTANCE ENTRE RÉFLEXIONS ET ACTIONS -
Une des nombreuses motivations : selon un rapport de l’Union européenne, la présence de pesticides a été décelée dans 49,5 % des fruits, légumes et céréales produits dans l’UE en 2006, le plus haut niveau de contamination jamais enregistré ! Face à cela, de nombreux pays ont développé le repas bio en collectivité.
- ILS L'ONT FAIT ! -
« Sous l’impulsion du maire de la commune et avec l’aide du GIE (groupement d’intérêt économique) créé par 14 producteurs biologique du département, la commune de Langouët a converti sa cantine scolaire à l’agriculture biologique. La cuisine compose chaque semaine ses menus en fonction des matières premières disponibles. 70% des aliments sont issus des filières locales ou régionales et les denrées que ne peuvent produire le GIE sont achetées auprès de la plateforme de distribution Biocoop. La qualité des repas proposés étant accrue, la fréquentation de la cantine scolaire a également augmentée, et le nombre de repas servis a presque doublé. La mise en place de cette nouvelle cantine s’est accompagnée d’une pédagogie adaptée avec l’installation d’un jardin bio dans la cour. D’autres communes du voisinage se sont également inspirées de cet exemple et sollicitent le groupement de producteurs pour les fournir en aliments bio et locaux. »

Village de Langouët, Ille-et-Vilaine
Propos tirés de « Manger Local » de Lionel Astruc

Source : http://www.colibris-lemouvement.org/agir/guide-tnt/convertir-une-cantine-lalimentation-biologique

mercredi 1 février 2012

POURQUOI JE DÉMISSIONNE DE L’UNIVERSITÉ APRÈS DIX ANS D’ENSEIGNEMENT

Plus que jamais il est nécessaire de réfléchir au rôle que doivent jouer les universités dans des sociétés en profond bouleversement, sommées de choisir dans l’urgence le type de civilisation dans lequel elles veulent engager l’humanité. L’université est, jusqu’à présent, la seule institution capable de préserver et de transmettre l’ensemble des savoirs humains de tous les temps et de tous les lieux, de produire de nouveaux savoirs en les inscrivant dans les acquis du passé, et de mettre à la disposition des sociétés cette synthèse d’expériences, de méthodes, de connaissances dans tous les domaines, pour les éclairer dans les choix de ce qu’elles veulent faire de la vie humaine. Qu’à chaque époque l’université ait manqué dans une certaine mesure à son projet fondateur, nous le lisons dans les critiques qui lui ont constamment été adressées à juste titre, et il ne s’agit pas de s’accrocher par nostalgie à l’une de ses formes anciennes. Mais jamais elle n’a été aussi complaisante envers la tendance dominante, jamais elle n’a renoncé à ce point à utiliser son potentiel intellectuel pour penser les valeurs et les orientations que cette tendance impose à l’ensemble des populations, y compris aux universités elles-mêmes.
D’abord contraintes par les autorités politiques, comme on l’a vu de manière exemplaire avec le processus de Bologne, il semble que ce soit volontairement maintenant que les directions universitaires (à quelques rares exceptions près) imposent la même fuite en avant, aveugle et irréfléchie, vers des savoirs étroitement utilitaristes dominés par l’économisme et le technologisme.
Si ce phénomène repose très clairement sur l’adhésion idéologique de ceux qui exercent le pouvoir institutionnel, il ne se serait pas imposé à l’ensemble des acteurs universitaires si l’on n’avait pas instauré en
même temps une série de contraintes destinées à paralyser toute opposition, par la menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale : il faut attirer le « client », le faire réussir quelles que soient ses capacités (« l’université de la réussite » !), lui donner un diplôme qui lui assure une bonne place bien rémunérée, former en le moins de temps possible des chercheurs qui seront hyper productifs selon les standards éditoriaux et entrepreneuriaux, excellents gestionnaires et toujours prêts à siéger dans les multiples commissions et conseils où se prennent les simulacres de décisions — simulacres, puisque tant les budgets que les critères d’attribution et de sélection sont décidés ailleurs. De qualité, de distance critique, de réflexion sur la civilisation, il n’est plus jamais question. La nouvelle notion d’« excellence » ne désigne en rien la meilleure qualité de l’enseignement et de la connaissance, mais la meilleure capacité à engranger de gros budgets, de grosses équipes de fonctionnaires de laboratoire, de gros titres dans des revues de plus en plus sensationnalistes et de moins en moins fiables. La frénésie d’évaluations qui se déploie à tous les niveaux, depuis les commissions internes jusqu’au classement de Shanghaï, ne fait que renforcer l’absurdité de ces critères.
Il en résulte tout le contraire de ce qu’on prétend promouvoir : en une dizaine d’années d’enseignement, j’ai vu la majorité des meilleurs étudiants abandonner l’université avant, pendant ou juste après la thèse, lorsqu’ils ont pris conscience de l’attitude qu’il leur faudrait adopter pour continuer cette carrière ; j’ai vu les autres renoncer à leur profondeur et à leur véritable intérêt intellectuel pour s’adapter aux domaines et aux manières d’agir qui leur offriraient des perspectives. Et bien sûr j’ai vu arriver les arrivistes, à la pensée médiocre et à l’habileté productive, qui savent d’emblée où et avec qui il faut se placer, qui n’ont aucun mal à formater leur écriture pour répondre aux exigences éditoriales, qui peuvent faire vite puisqu’ils ne font rien d’exigeant. Hormis quelques exceptions, quelques personnes qui ont eu la chance d’arriver au bon moment avec la bonne qualification, ce sont ceux-là, les habiles médiocres, qui sont en train de s’installer — et la récente réforme du FNRS vient de supprimer les dernières chances des étudiants qui n’ont que leurs qualités intellectuelles à offrir, par la prépondérance que prend l’évaluation du service d’accueil sur celle de l’individu. Ces dérives présentent des variantes et des degrés divers selon les disciplines et les pays, mais partout des collègues confirment les tendances générales : concurrence fondée sur la seule quantité ; choix des thèmes de recherche déterminé par les organismes financeurs, eux-mêmes au service d’un modèle de société selon lequel le progrès humain se trouve exclusivement dans la croissance économique et dans le développement technique ; inflation des tâches administratives et managériales aux dépens du temps consacré à l’enseignement et à l’amélioration des connaissances. Pour l’illustrer par un exemple, un Darwin, un Einstein, un Kant n’auraient aucune chance d’être sélectionnés par l’application des critères actuels. Quelles conséquences pense-t-on que donnera une telle sélection sur la recherche et les enseignements futurs ? Pense-t-on pouvoir encore longtemps contenter le « client » en lui proposant des enseignants d’envergure aussi étroite ? Même par rapport à sa propre définition de l’excellence, la politique des autorités scientifiques et académiques est tout simplement suicidaire.
Certains diront peut-être que j’exagère, qu’il est toujours possible de concilier quantité et qualité, de produire du bon travail tout en se soumettant aux impératifs de la concurrence. L’expérience dément cet optimisme. Je ne dis pas que tout est mauvais dans l’université actuelle, mais que ce qui s’y fait de bon vient plutôt de la résistance aux nouvelles mesures imposées que de leur application, résistance qui ne pourra que s’affaiblir avec le temps. On constate, en effet, que toutes les disciplines sont en train de s’appauvrir parce que les individus les plus « efficaces » qu’elles sélectionnent sont aussi les moins profonds, les plus étroitement spécialisés c’est-à-dire les plus ignorants, les plus incapables de comprendre les enjeux de leurs propres résultats.
Même les disciplines à fort potentiel critique, comme la philosophie ou les sciences sociales, s’accommodent des exigences médiatiques et conservent toujours suffisamment de conformisme pour ne pas être exclues de la bataille productiviste, — sans compter leur incapacité à affronter l’incohérence entre leurs théories critiques et les pratiques que doivent individuellement adopter leurs représentants pour obtenir le poste d’où ils pourront se faire entendre.
Je sais que beaucoup de collègues partagent ce jugement global et tentent héroïquement de sauver quelques meubles, sur un fond de résignation et d’impuissance. On pourrait par conséquent me reprocher de quitter l’université au moment où il faudrait lutter de l’intérieur pour inverser la tendance. Pour avoir fait quelques essais dans ce sens, et malgré mon estime pour ceux qui s’efforcent encore de limiter les dégâts, je pense que la lutte est vaine dans l’état actuel des choses, tant est puissante la convergence entre les intérêts individuels de certains et l’idéologie générale à laquelle adhère l’institution universitaire.
Plutôt que de s’épuiser à nager contre le courant, il est temps d’en sortir pour créer autre chose, pour fonder une tout autre institution capable de reprendre le rôle crucial de transmettre la multiplicité des aspects des civilisations humaines et de stimuler la réflexion indispensable sur les savoirs et les actes qui font grandir l’humanité. Tout est à construire, mais il y a de par le monde de plus en plus de gens qui ont l’intelligence, la
culture et la volonté pour le faire. En tous cas, il n’est plus temps de perdre ses forces à lutter contre la décadence annoncée d’une institution qui se saborde en se trompant d’excellence.


Annick Stevens,
Docteur en philosophie,
Chargée de cours à l’Université de Liège depuis 2001.

Source : http://pubdoc.ulg.ac.be/files/20120127070946_1_00a34ed9a3c7925517c8299ed.pdf

Une ceinture maraîchère autour des centres urbains


- RÉDUIRE LA DISTANCE ENTRE RÉFLEXIONS ET ACTIONS -
Encore au XIXe siècle, l'approvisionnement des villes en denrées alimentaires était assuré par une agriculture de proximité formant une ceinture maraîchère autour des centres urbains. Ces ceintures constituées de maraîchers, de vergers et d'élevage pour le lait, assuraient l'accès aux citadins à ces denrées périssables indispensables. Aujourd'hui ces ceintures ont disparu sous le béton de l'étalement urbain pour être remplacées par un va-et-vient incessant de camions et d'avions venant des quatre coins du monde. Si bien que la frange qui sépare l’espace urbain de l’espace rural a pris des proportions sans commune mesure avec ce qu’étaient les limites urbaines du XIXe siècle.
Face aux dérives de l'agro-industrie, de nombreuses villes réfléchissent à retrouver une agriculture nourricière à proximité de la ville.
- CERTAINS LE FONT -
Déjà, plusieurs villes européennes en ont fait l'expérience : Totnes, Munich.
Autre cas :
"Il existe depuis plus de 50 ans à Rodez ce qu'on appelait des "jardins ouvriers", mais ces derniers n'étaient pas vraiment pris en charge par la ville. Lorsque j'ai été élue en 2007 nous avons décidé de faire un réel partenariat avec ces jardins et de rentrer dans une logique écoresponsable. Nous avons donc signé, avec les jardiniers une charte écoresponsable. Ainsi, ils se sont engagés à réduire l'utilisation de pesticides, à utiliser les desherbeurs thermiques que nous leur avons fournis, à mettre en place des composteurs, etc. Grâce à ces jardins, les habitants de Rhodez peuvent cultiver leurs propres légumes, rencontrer et échanger avec leurs voisins et initier les enfants à l'agriculture. Nous sommes en train de travailler sur un troisième site qui permettra d'agrandir la ceinture verte autour de Rodez et d'y installer un agriculteur".
Marie-Claude Carlin,élue écologiste adjointe au développement durable à la mairie de Rodez et au Grand-Rodez.

mardi 18 octobre 2011

Agrocarburants et déforestation : Paris et Bruxelles assument (tous comptes faits)





En Indonésie, la forêt primaire est détruite afin de planter les palmiers qui fourniront "l'huile végétale" pudiquement mentionnée sur nos emballages. [DR]



Le gouvernement Sarkozy vient de doter la France d'un observatoire des agrocarburants. Coïncidence ? Deux semaines plus tôt, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) lâchait un cochon dans le maïs : l'hypothèse selon laquelle les carburants d'origine agricole seraient sans dommages pour le climat est tout bonnement « fausse, et aboutit à une sérieuse erreur comptable », selon les dix-neuf membres du comité scientifique de cette agence chargée de conseiller l'Union européenne.

L'AEE reprend les critiques émises depuis longtemps non seulement par les